Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/42

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de d’Alvimar, et, à cet effet, le marquis se rendit chez lui, le lendemain dans l’après-midi.

Guillaume était absent et ne devait rentrer que le soir.

Le marquis envoya un exprès pour dire à Briantes que l’on ne fût point inquiet s’il rentrait tard, et il alla rendre visite à M. Robin de Coulogne, qui se trouvait alors de passage en sa terre du Coudray, jolie capitainerie sur les hauteurs de Verneuil, à une lieue environ du château d’Ars.

Robin, vicomte de Coulogne, receveur-général des finances en Berry et fermier-général des gabelles, était un des ennemis naturels de l’ex faux-saulnier Bois-Doré ; et cependant ils étaient liés d’une étroite amitié depuis l’affaire de Florimond Dupuy, seigneur de Vatan.

Ceux qui connaissent l’histoire du Berry se souviendront qu’en 1611, ce Florimond Dupuy, grand huguenot et grand contrebandier, avait, en haine de la gabelle, enlevé un des enfants de M. Robin. Le marquis s’employa généreusement de sa personne pour ramener l’enfant à son père, au risque de se brouiller avec Florimond, qui était, au dire de ses amis et de ses ennemis, « un fort mauvais coucheur. »

Après cette aventure, la rébellion prit des proportions si graves, que, pour réduire M. Dupuy dans son château, il fallut y envoyer douze cents hommes d’infanterie, une compagnie de Suisses et six canons.

Vingt-neuf de ses gens furent pendus sur place, aux arbres environnants, et il eut lui-même la tête tranchée en place de Grève. Le jeune Robin fut par la suite abbé de Sorrèze. M. Robin père resta l’obligé reconnaissant et dévoué de M. de Bois-Doré, et l’on peut croire que c’est grâce à cette amitié que le marquis ne fut jamais recherché