Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/45

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métayer, de me venir trouver demain de grand matin ; vous donnerez un coup d’œil à la masure et regarderez bien les alentours, afin de pouvoir renseigner votre ami ; et même il fera bien d’y venir secrètement la nuit prochaine pour connaître et les chemins et les entrances. De cette manière, s’il venait à être obligé de s’y réfugier, il le pourrait faire sans s’égarer ni se méprendre.

— Voilà qui est convenu, dit le marquis, et recevez mille grâces pour le repos que vous donnez à mon esprit.

Le vicomte retint le marquis à souper ; après quoi, celui-ci, remontant dans son carrosse, reprit, à la nuit tombée, le chemin d’Ars, qui ne valait guère mieux que celui de Brilbault ; la raison de cette direction, c’est qu’il ne voulait pas montrer son carrosse, qui faisait toujours événement, aux environs de cette ruine.

Plus avisé que M. Robin ne lui avait conseillé de l’être, il mit pied à terre à un quart de lieue de l’endroit qu’il voulait visiter, ordonna à ses gens de se rendre doucement à Ars, et, s’engageant dans un de ces mille petits sentiers où M. de Coulogne n’avait peut-être jamais mis les pieds, mais qui étaient aussi familiers au vieux contrebandier que les allées de sa garenne, il disparut seul dans les prés humides, après avoir relevé ses grandes bottes jusqu’au-dessus du genou.




XLIV


La nuit était assez douce et pas très-sombre, malgré de grands nuages noirs que le vent balayait, en ouvrant au ciel de longues trouées pleines d’étoiles, qui se fer-