Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que dans les pays de servitude. En outre, dans cette partie que l’on appelle la Vallée-Noire, les ressources matérielles ont toujours assuré au fermier ou métayer un bien-être relatif qui l’a préservé des grands désastres et des grandes épidémies.

À cette époque, les maladreries (hospice des lépreux) étaient déjà vides ; la peste, si fréquente encore dans la Brenne et aux alentours de Bourges, ne sévissait que rarement dans le Fromental. Les habitations, sordides et infectes dans la Marche et le Bourbonnais, étaient, du côté de chez nous, solides et bien établies, ainsi que l’attestent un grand nombre de vieilles maisons rustiques du XVIe et du XVe siècle, encore debout, et bien reconnaissables à leurs énormes toits de tuiles, à leurs huis encadrés de pierres taillées en prismes, et à leurs mansardes surmontées de gros épis historiés en terre cuite[1].

Le marquis put donc entrer sans dégoût dans l’habitation des fermiers, s’y asseoir dans l’âtre et y causer quelques instants.

Aimé de tout le monde, le bon monsieur put confier sans crainte à Jean Faraudet et à sa femme le soin éventuel d’un sien ami tracassé, disait-il, pour un délit de chasse, et, lorsqu’il leur annonça que leur maître, M. Robin, voulait les voir, le lendemain matin, pour leur donner des ordres en conséquence, ils se montrèrent joyeux et empressés d’obéir, en répondant le mot sacramentel de bon vouloir et de bonne grâce en ce pays : « Il y a bien moyen ! »

  1. Ces épis, qui sont d’une rareté curieuse pour les archéologues, sont restés, en certaines localités, une mode traditionnelle ; les potiers de Verneuil en fabriquent de fort jolis sur les modèles anciens. Le petit vase à quatre ou six anses, monté sur plusieurs pièces et surmonté de fleurs ou d’oiseaux, se retrouve dans leur système d’ornement.