Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/75

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sont bien de sa main. Mettez-les dans vos archives et attendez, pour publier la mort de ce traître, que l’on revienne officiellement vous en demander compte.

Ce ne fut pas l’avis de M. Robin. Il blâmait le silence gardé sur cet événement, les précautions prises pour faire disparaître le corps et la continuation de ce mystère, dans un moment où les esprits de la localité étaient disposés en faveur du beau Mario, touchés du récit de ses aventures, et tout portés à maudire les lâches assassins de son père.

Bois-Doré eût suivi cet avis sur-le-champ, sans la crainte de déplaire à Guillaume, qui persistait dans son premier sentiment.

— Mon cher voisin, dit celui-ci, je me rangerais à votre opinion et me repentirais du conseil donné par moi au marquis, sans une réflexion qui me vient et que je vous prie de peser sérieusement ; et cette réflexion, la voici : c’est que le marquis n’a pas besoin de s’accuser d’avoir tué un homme qui n’est peut-être pas mort.

MM. Robin et Bois-Doré firent un mouvement de surprise, et Guillaume continua :

— Pour parler et penser ainsi, j’ai deux fortes raisons : la première, c’est que l’on a emporté du jardin de la Caille-Bottée un homme qui pouvait, bien que percé d’un vaillant coup d’épée, n’avoir pas rendu le dernier soupir ; la seconde, c’est que notre marquis, dont le courage n’est point de ceux dont on puisse douter, a vu à Brilbault la figure de son ennemi.

M. Robin garda le silence de la réflexion ; Bois-Doré recueillit ses souvenirs de la veille, et tâcha de les dégager du trouble qu’il avait éprouvé ; puis il dit :

— Si M. d’Alvimar est mort, ce n’est pas sur le lieu du combat, à la Rochaille, ni au logis de la jardinière ;