Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/89

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dehors, deux personnages, bizarrement accoutrés, qui se dirigeaient vers la tour d’entrée.

Il retint son haleine et put saisir ce lambeau de dialogue :

— Les chiens maudits n’arriveront pas avant lui !

— Tant mieux ! notre part sera meilleure !

— Imbéciles, qui croyez prendre tout seuls…




XLIX


Les voix se perdirent, mais Mario les avait reconnues. C’étaient celles de La Flèche et du vieux Sanche.

Le courage lui revint tout à coup, bien que cette découverte n’eût rien de rassurant.

Mario n’avait pu ignorer longtemps l’affaire de la Rochaille, et il sentait bien que l’assassin de son père, l’âme damnée de d’Alvimar, était désormais le plus mortel ennemi du nom de Bois-Doré ; mais le concours de La Flèche dans ce coup de main lui fit espérer que Sanche avait pour auxiliaires la bande des bohémiens, les anciens compagnons de misère de l’enfant en voyage.

Il pensa avec raison que ces vagabonds avaient dû s’associer à d’autres bandits plus déterminés ; mais tout cela lui parut moins redoutable qu’une expédition en règle, ordonnée par les autorités de la province, comme on aurait pu le craindre, et, un instant, il eut la pensée de se rendre La Flèche favorable s’il pouvait l’attirer seul de son côté. Mais la méfiance lui revint, lorsqu’il se rappela de quel air brutal et sombre le bohémien lui avait parlé en ce même lieu, quelques mois auparavant.