Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

logue de la vision ? Ma sotte terreur m’a rendu indigne et incapable d’être initié plus avant aux révélations swedenborgistes, auxquelles croient d’excellents esprits, et dont j’ai eu le tort de me moquer. Je dépouillerai le vieil homme avec plaisir, car ceci est plus riant et plus sain pour l’âme d’un poëte que la froide négation de notre siècle. Si je passe pour fou, si je le deviens, qu’importe ! j’aurai vécu dans une sphère idéale, et je serai peut-être plus heureux que tous les sages de la terre.

Je me parlais ainsi à moi-même, la tête dans mes mains. Il était environ deux heures du matin, et le plus profond silence régnait dans le château et dans la campagne, lorsqu’une musique douce et charmante, qui semblait partir de la rotonde, m’arracha à ma rêverie. Je levai la tête et reculai le flambeau placé devant moi, pour voir de qui me venait cette gracieuseté musicale. Mais les quatre bougies qui éclairaient