Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/148

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la chambre aux dames et on la referma dès que j’en fus sorti. Je sentis que rien ne me retenait plus au château d’Ionis et je partis le lendemain matin, furtivement, pour échapper à la conduite en voiture dont on m’avait menacé.

Le cheval et le grand air me remirent tout à fait. Je traversai assez vite les bois qui environnaient le château, dans la crainte d’être poursuivi par la sollicitude de ma belle hôtesse. Puis je ralentis mon cheval à deux lieues de là, et arrivai tranquillement à Angers dans l’après-midi.

Ma figure était un peu altérée : mon père ne s’en aperçut pas beaucoup ; mais rien n’échappe à l’œil d’une mère, et la mienne s’en inquiéta. Je parvins à la tranquilliser en mangeant avec appétit ; j’avais arraché à Baptiste le serment de ne rien dire ; il y avait mis cette restriction, qu’il ne le tiendrait pas si je venais à retomber malade.