Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/205

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Je gardai un instant le silence ; puis, sentant malgré moi que cette recommandation me troublait plus que je ne m’y serais attendu moi-même, je lui dis avec une sincérité brusque :

— Alors, mon cher Bernard, pourquoi donc m’avez-vous amené ici ?

— Parce que je croyais ma sœur partie. Elle devait rejoindre, à Tours, mon père, qui lui-même ne devait venir ici que dans une quinzaine. Les événements contrarient mes prévisions ; mais je n’en suis pas moins tranquille pour ma sœur, ayant affaire à un homme tel que vous.

— Êtes-vous aussi tranquille pour moi, Bernard ? lui dis-je d’un ton de reproche.

— Oui, répondit-il avec un peu d’émotion. Je suis tranquille, parce que vous aurez la force d’âme de vous dire ceci : Une fille de cœur et de mérite a le droit de vouloir être recherchée par un homme dont le cœur soit libre, et elle serait peu flattée de découvrir, un jour, qu’elle