Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/79

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plaider, et que la cause me fût confiée… pour la perdre !

J’avoue que je fus effrayé de cette hypothèse et que je compris alors les scrupules de mon père. Tenir dans ses mains le sort d’un client et sacrifier son droit à une question de sentiment, c’est un beau rôle quand on peut le remplir ouvertement par son ordre : mais telle n’était pas la position qui m’était faite. Il fallait, pour M. d’Ionis, sauver les apparences, faire adroitement des maladresses, employer la ruse pour le triomphe de la vertu. J’eus peur, je pâlis, je pleurai presque, car j’étais amoureux, et mon refus me brisait le cœur.

— N’en parlons plus, me dit avec bonté madame d’Ionis, qui parut deviner, si elle ne l’avait déjà fait, la passion qu’elle allumait en moi. Pardonnez-moi d’avoir mis votre conscience à cette épreuve. Non ! vous ne devez pas la sacrifier à la mienne, et il faudra trouver un autre moyen