Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/101

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froid, quand il vous est si facile d’y revenir de Montesparre dans quelques jours d’ici !

Roger céda, mais il taquina madame de Montesparre. Il la connaissait depuis longtemps ; il l’avait vue à Paris, chez sa mère, où elle avait reparu à partir du moment où le comte avait habité Londres, et Roger avait d’autant plus d’amitié pour elle que le comte de Flamarande avait parlé d’elle avec dédain. Cependant, des insinuations ironiques de son père, il lui était resté quelque chose comme l’idée que la baronne avait une affaire de cœur en Auvergne, et, ce jour-là, ayant vu le beau Salcède, il ne cessait pas de faire allusion à sa chevelure blanche et à son costume marron. Comme il avait de l’esprit et le sens de la bonne compagnie, il n’était jamais blessant, d’autant plus qu’il trouvait la baronne fort jolie et mêlait la galanterie à tous ses quolibets, si bien que la baronne ne pouvait se défendre d’en rire, et la comtesse aussi pour dissimuler peut-être le malaise qu’elle en ressentait.

— Madame la comtesse, lui dis-je tout bas dans un moment où Roger était sur le balcon avec la baronne, il faut partir, et le plus tôt possible, Roger se prend d’amitié pour Gaston !

— Chers enfants ! répondit-elle ; le bonheur de les voir s’aimer me sera donc refusé aussi !

Roger se retira à huit heures, résigné à partir le lendemain matin. La comtesse me retint pour me dire :