Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/117

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— Tu ne sais pas ! Si elle disait non ! j’aimerais mieux mourir que de te voir fâché avec ta mère…

La réponse nous échappa, car ils se rapprochèrent en parlant, et nous nous étions rangés du sentier en nous dissimulant dans les roches éparses. Charlotte passa si près de la comtesse que celle-ci ne put résister au mouvement de son cœur. Elle étendit les bras, saisit le cou de la jeune fille et l’embrassa au front. Charlotte, effrayée par cette ombre noire, se jeta dans les bras de Gaston, qui s’écria :

— N’aie pas peur, c’est ma mère !

La comtesse avait déjà disparu.

— Ah ! dit Charlotte, et je ne la vois pas ! Où est-elle ? Je veux la voir !

— Jamais ! répondit Espérance avec force. Aime-la sans la connaître ! Elle consent, viens. Ma mère,… je ne vous vois pas non plus ; soyez bénie, je vous adore !

Il entraîna sa fiancée, et madame de Flamarande, vivement émue, prit mon bras pour rentrer.

— Ah ! madame, lui dis-je, que vous êtes impétueuse et spontanée ! Je m’explique le caractère de Roger.

— Ne me grondez pas, bon Charles, répondit-elle avec une douceur pénétrante, je n’ai pas toujours ma tête. Que voulez-vous ! j’ai tant souffert dans ma vie ; on a tant abusé avec moi du premier mouvement ! Il y a des étonnements, des indi-