faire aimer. Il avait blessé beaucoup d’amours-propres qui prendraient leur revanche. La cause du duel avec M. de Salcède resterait à jamais ignorée. On rappellerait qu’avant son mariage M. le comte avait eu d’autres affaires d’honneur pour des motifs frivoles, où il avait été l’offenseur par des paroles agressives. Dans toute l’histoire de l’exil de Gaston, le nom de Salcède ne serait sans doute jamais prononcé. Madame la comtesse avait depuis une vie si retirée et si austère, que l’opinion était pour elle et qu’elle n’avait rien à craindre en faisant reparaître officiellement son fils aîné. Le souvenir d’un mort qui n’avait point eu d’amis serait sacrifié à la réhabilitation d’un fils intéressant, et Roger serait le premier à immoler la mémoire de son père pour légitimer le fils de M. de Salcède !
Je me tordais les mains en faisant ces réflexions amères. J’étais le seul qui pût sauver la situation et faire triompher la vérité, car Ambroise et l’abbé Ferras croyaient fermement à l’innocence de la comtesse, et madame de Montesparre était trop grande et trop généreuse pour parler. D’ailleurs, elle n’avait que des doutes, et moi, moi seul, j’avais une certitude, j’avais une preuve !