Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/241

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bien le fils de son père ! Le non de M. de Flamarande était effrayant, mais c’était l’obstination de l’injustice, et chez Gaston c’est la fermeté d’une âme généreuse. Il doit avoir une bonne raison, lui, et vous devez la connaître ou la deviner.

— Je n’en vois pas d’autre que la crainte de faire croire qu’il est…

— Votre fils ! Eh ! mon Dieu, j’ai tant entendu cette accusation que vous pouvez la formuler comme si j’y étais étrangère. Il y a longtemps qu’à force d’être une mère persécutée et torturée, je ne suis plus une femme du monde. Parlez-moi comme à une paysanne. Gaston craint qu’on ne m’accuse… J’imagine qu’il ne me soupçonne pas, lui !

— Lui ? Oh ! non certes ! il y a longtemps qu’il m’a franchement posé la question, résolu à accepter la réponse, quelle qu’elle fût. Entre nous, jamais un soupçon n’a pu naître. Il sait bien que, pas plus que lui, je n’ai jamais menti.

— Dieu merci, cher Salcède, reprit la comtesse, Roger sait de moi la même chose. Pourquoi donc ne pas dire la vérité à mes deux enfants, quand la vérité est si facile à jurer devant Dieu et à faire entrer dans des consciences aussi droites ? Croyez-vous Roger moins pur que Gaston ?

— Ne répondez pas, monsieur de Salcède, s’écria Roger, qui s’était éveillé sans ouvrir les yeux, sans faire un mouvement, et qui tout à coup, ra-