Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pourquoi non ? c’est une nouvelle famille aristocratique qui commence.

Gaston aura des enfants très-riches, et, comme il les instruit en conscience, ils seront à la hauteur de leur condition. Quant à lui, il ne fera pas fortune par lui-même, il manque absolument d’ambition et n’aime que le travail qui donne des résultats pour le progrès des gens et des choses. On lui reproche de trop vouloir améliorer les races et produire de beaux élèves ; on assure qu’il y dépense trop pour y beaucoup gagner. Il répond gaiement qu’il aime le beau et que le profit n’est pas tout dans les écus. Il passe pour original, et ceux qui ne savent pas le mot de son étrange destinée le chérissent sans le comprendre.

Ambroise Yvoine, qui est resté son hôte, son ami, son bras droit, et qu’il a choisi pour parrain de son dernier-né, me dit souvent tout bas :

— Il n’y a que nous deux pour savoir ce qu’il vaut !

Roger s’est peu à peu radouci avec moi et me traite avec amitié ; mais quelque chose s’est brisé mystérieusement entre nous ; j’ai dû accepter ce châtiment et reporter sur l’enfant exilé ma tendresse et mon admiration.

J’ai eu quelque peine à en prendre mon parti. Longtemps je me suis ennuyé de ne vivre que pour moi-même ; mais, depuis que j’ai occupé mes loisirs à écrire ma confession générale, je ne suis plus