Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/61

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monde, qui ne sait rien, n’a rien à soupçonner et rien à dire. Les deux jeunes gens peuvent se connaître et s’aimer. S’ils ne s’aiment pas, n’ayant rien à discuter en fait d’intérêts, ils se tolèrent. Leur mère les voit à toute heure et peut donner le nom de fils adoptif à Gaston. Lui seul n’est pas dupe de ce compromis, puisqu’il l’a vue et qu’il l’aime filialement ; mais je connais ce jeune homme, il approuvera qu’on la mette à l’abri du soupçon, et il sera bien assez dédommagé pour renoncer aux droits que la loi lui maintient.

Après un moment de réflexion, je répondis à madame de Montesparre que son idée était la meilleure qui eût été émise, mais qu’il n’y avait pas de solution possible qui n’eût son côté faible, car la sienne ne remédiait pas au danger des revendications de Gaston. Il connaissait le visage de sa mère, elle avait commis l’irréparable imprudence de le voir et de l’appeler son fils.

— On aura beau faire entendre à ce jeune homme, ajoutai-je, qu’il est né d’une faute, il saura bien qu’il est né dans le mariage, et que, par conséquent, il est censé né du mariage. Je ne vois pas que l’adoption par M. de Salcède lui crée l’obligation de renoncer à l’héritage de M. de Flamarande.

— Pardonnez-moi, répondit la baronne ; j’ai consulté. Cette adoption peut avoir pour condition que Gaston, qui est majeur, renoncera à l’éventualité de tout autre avantage ou succession quelconque.