Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/97

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là, toi, et dis-moi un peu où tu as appris… à parler et à comprendre.

Je me hâtai de dire à Roger que ce jeune homme avait été élevé par un naturaliste qui habitait le voisinage.

— M. le marquis de Salcède ? dit Roger. On vient de me présenter à lui au donjon.

Et, se penchant à mon oreille, il ajouta :

— L’amant de la baronne, ça saute aux yeux.

— Vous voilà habillé, lui dis-je, il faut retourner auprès de votre mère, qui doit être lasse de visites et pressée de vous voir seul après une séparation de six mois.

— Tu as raison, répondit-il, et je passerai une heure avec elle ; après quoi, je me coucherai de bonne heure, car je suis un peu éreinté encore de ma course de la nuit. — Nous nous reverrons, dit-il à Espérance en lui tendant la main.

— Avec plaisir, répondit le jeune homme d’un ton de cordialité où je vis percer une profonde émotion.

Évidemment le brave cœur adorait déjà son frère, et, décidé à ne jamais lui rien disputer, il se donnait la joie de le servir pour être plus longtemps près de lui.