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BLANCHON.

Elle pleure ? Où donc ce qu’elle est ?

MARIETTE.

Là, dans notre maison. J’ai voulu la consoler… mais elle m’a dit qu’on voulait la perdre, et qu’elle s’en plaindrait à ma marraine, et un tas de choses que j’y comprends rien, moi.

BLANCHON.

Ah ! oui, elle pense que… parce que… (À part.) Je peux pourtant pas lui dire à cause de quoi !

MARIETTE.

Vous ne savez donc pas non plus ? Tenez… (Baissant la voix.) Elle est bien gentille, mais cette fille-là… moi, je crois qu’elle est un peu folle.

BLANCHON.

Ah ! vous croyez… peut-être bien que… À part.) Pauvre innocente ! faut-il qu’alle soye innocente ! elle ne devine rien ! C’est pourtant gentil d’être innocente comme ça !

MARIETTE.

Eh bien, à quoi songez-vous ? Faut la faire sortir…

BLANCHON.

Ah ! oui… faudrait la faire sortir.

MARIETTE.

Et bien vite. Elle dit que son père la croit à la fête, et qu’il la battra s’il apprend qu’elle est chez nous.

BLANCHON.

Eh bien, amenez-la ici ; moi, je vas chercher un moyen… Amenez-la vitement. (Mariette disparaît.) Un moyen, je n’en ai pas… (Il regarde la tonnelle.) Par bonheur que le Jean a réussi à emmener la Jeanne et le père Germinet, je sais pas où… Il est malin, lui ! allons, faut que je soye malin aussi. Si j’avais seulement une échelle ! Ah ! le mur tient pas ; je suis fort, je le pousserai bien. Ça fera du bruit, tant pire ! la Gervaise aura le temps de passer, et je dirai que le mur a tombé tout seul… Mais faut les avertir. Êtes-vous là ? (Il a pris une grosse bûche dans le tas de bois coupé.)