Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/307

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m’avez-vous crue oublieuse de nos amitiés ? Pourquoi jugez-vous mal des gens qui n’ont point passé un jour sans songer à vous ?

— Dites-lui vitement si votre frère est là, Thérence, m’écriai-je, car… Brulette, se retournant, mit sa main sur ma bouche, et je me repris en riant pour dire : Car j’ai grand’soif de le revoir.

— Mon frère est là, dit Thérence ; mais il ne vous sait point si près… Tenez, le voilà qui s’éloigne, car sa musique ne s’entend quasiment plus.

Elle regarda Brulette, qui redevenait pâle, et ajouta en riant : — Il est trop loin pour que je puisse l’appeler, mais il ne tardera pas de tourner par ici et de venir au vieux château. Alors, si vous ne le méprisez pas trop, Brulette, et si vous ne m’en empêchez pas, je lui ferai une petite surprise, à quoi il ne s’attend guère ; car il ne croyait vous saluer que ce soir. Nous devions aller vous faire visite à votre bourg, et c’est un bonheur que je vous aie trouvée ici pour nous sauver d’un retard dans notre rencontre. Rentrons sous ce bois, car s’il vous apercevait d’où il est, il serait capable de se noyer en passant la rivière, dont il ne connaît point encore les gués.

Nous retournâmes nous asseoir autour de Charlot, que Thérence regarda, demandant, de son grand air simple et franc, s’il était à moi. — À moins que je ne fusse marié depuis longtemps, lui répondis-je, ce qui n’est pas…

— Il est vrai, reprit-elle en le regardant mieux, c’est déjà un petit bonhomme ; mais vous auriez pu être marié quand vous êtes venu chez nous. Puis, elle avoua, en riant, qu’elle se faisait peu d’idée de la croissance des marmots, n’en voyant guère pousser dans les bois où elle vivait toujours, et où les humains ont peu coutume d’amener et d’élever leurs familles. — Vous me retrouvez aussi sauvage que vous m’avez laissée, reprit-elle, mais cependant moins quinteuse,