Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/326

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tout ! Je suis payée pour ne me point embarrasser des questions, et vous savez que j’en ai l’habitude.

Alors Huriel baisa, par cinq ou six fois, la main de Brulette, en lui disant :

— Merci, la mignonne de mon cœur ; je ne vous ferai pas repentir de ce que vous m’accordez là.

— Venez-vous, grand obstiné ? lui dit ma tante. Je ne peux pas me détarder plus longtemps, et si je n’emmène vitement Brulette, la mariée est capable de quitter son monde pour la venir réclamer ici.

— Allez, allez, Brulette, fit Thérence, et laissez-moi cet enfant ; je vous réponds d’en avoir soin.

— Ne venez-vous donc point, ma belle Bourbonnaise ? dit ma tante, qui ne se pouvait lasser de regarder Thérence comme une merveille. Je compte bien sur vous aussi.

— J’irai plus tard, ma brave femme, dit Thérence. Pour le moment, je veux donner à mon frère des habits convenables pour vous faire honneur ; car nous voilà encore tous les deux dans nos effets de voyage.

La tante emmena Brulette, qui voulait emmener Charlot ; mais Thérence insista pour le garder, voulant que son frère eût le loisir d’être avec sa mie sans le trouble et l’embarras de ce petit enfant. Cela n’était point du goût de Charlot, qui, voyant emmener sa mignonne, commença de brailler et de se débattre dans les bras de la Bourbonnaise ; mais elle, le regardant d’un air sérieux et volontaire, lui dit : — Tu vas te taire, mon garçon ; il le faut, c’est comme ça.

Charlot, qui ne s’était jamais vu commander, fut si étonné d’un ton pareil qu’il accota tout de suite ; mais, comme je voyais Brulette angoissée de le laisser dans les mains d’une fille qui, de sa vie, n’avait touché un marmot, je lui promis de le ramener moi-même dès qu’il serait besoin, et la poussai à suivre notre petite tante, qui commençait à s’impatienter.

Huriel, poussé, de son côté, par sa sœur, entra dans