Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/386

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soir, dit Huriel à Brulette. Vous voyez, mignonne, que je n’ai pas tant de mérite à vous croire.

— Oui, dit Brulette bien soulagée, mais hier matin !… Eh bien, puisque vous voilà instruit de mes affaires, ajouta-t-elle en parlant au moine, que me conseillez-vous, frère Nicolas ? Vous qui avez été employé dans celles de Charlot, ne trouverez-vous pas quelque histoire à répandre pour couvrir le secret de ses parents et réparer le dommage fait à mon honneur ?

— Une histoire ? dit le carme. Moi, conseiller et aider le mensonge ? Je ne suis point de ceux qui se peuvent damner pour l’amour des jeunes filles, ma mie ! Il ne m’en reviendrait rien. Il faudra donc que je vous aide autrement, et j’y ai déjà travaillé plus que vous ne pensez. Ayez patience, et tout s’arrangera aussi bien qu’une autre affaire, où maître Huriel sait bien que je n’ai pas été mauvais ami.

— Je sais que je vous dois le repos et la sûreté de ma vie, répondit Huriel. Aussi, qu’on dise des moines ce qu’on voudra : j’en sais au moins un, pour qui je me ferais couper en quatre. Asseyez-vous donc, mon frère, et passez avec nous la journée. Ce qui est à nous est à vous, et la maison où nous sommes est aussi la vôtre.

Thérence et le grand bûcheux allaient faire aussi leurs honnêtetés au bon frère, quand ma tante Marghitonne arriva et ne nous voulut plus souffrir ailleurs qu’avec elle. On allait faire la cérémonie du chou, qui est la grande farce ancienne du lendemain des noces, et déjà la promenade commençait et venait de notre côté. On buvait, chantait et dansait à chaque repos. Il n’y avait plus moyen pour Thérence de se tenir à l’écart, et elle accepta mon bras pour aller au-devant du cortége, tandis qu’Huriel y menait Brulette. Ma tante se chargea du petit, et le grand bûcheux, entraînant le carme, le décida aisément à se divertir en bonne compagnie.

Le gars qui jouait le personnage du jardinier, ou,