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Deuxième veillée

promis au moins quinze bourrées, et il faudra que tu reviennes vers l’heure de vêpres.

Ce n’était pas Joseph qui, dans cette affaire-là, pouvait me donner du dépit, car il ne dansait jamais, et, pour m’ôter celui de voir Brulette entourée de ses autres amoureux, je suivis Joseph à l’auberge du Bœuf couronné, où il allait voir sa mère et où je voulais tuer le temps avec quelques amis.

J’étais un peu fréquentier du cabaret, comme je vous ai dit : non à cause de la bouteille, qui ne m’a jamais mis hors de sens, mais pour l’amour de la compagnie, de la causette et de la chanson. J’y trouvai plusieurs garçons et filles de connaissance avec lesquels je m’attablai, tandis que Joseph s’assit dans un coin, ne buvant goutte, ne disant mot, et se tenant là pour contenter sa mère, qui, tout en allant et venant, était bien aise de le voir et de lui dire un mot par-ci par-là. Je ne sais point si Joseph eût pensé à l’aider dans la peine qu’elle avait à servir tant de monde ; mais Benoît n’eût point souffert qu’un garçon si distrait tournât et virât dans ses écuelles et dans ses bouteilles.

Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler de défunt Benoît. C’était un gros homme de haute mine, un peu rude en paroles, mais bon vivant et beau diseur dans l’occasion. Il était assez juste pour faire de la Mariton l’estime qu’il devait, car c’était, à vrai dire, la reine des servantes, et jamais sa maison n’avait été mieux achalandée que depuis qu’elle y régnait.

La chose que le père Brulet avait annoncée à cette femme n’était cependant point arrivée. Le danger de son état l’avait guérie de la coquetterie, et elle faisait respecter sa personne aussi bien que la propriété de son bourgeois. Pour le vrai, c’était, avant tout, pour son fils qu’elle avait rangé son idée à un travail et à une prudence plus sévères que son naturel ne s’y portait de lui-même. C’était une si bonne mère en cela, qu’au lieu de perdre de l’estime, elle s’en était attirée davan-