délire t’abuse. La lyre n’a point été enlevée. C’est moi qui, pour t’empêcher d’en jouer, l’ai ôtée de dessous ton chevet. Mais reviens à la maison, et je te la rendrai.
Hélène. Non ! non ! vous me trompez. Vous vous entendez avec le juif Jonathas pour tourmenter la lyre et me donner la mort. Le juif l’a portée là-haut. J’irai la reprendre ; suivez-moi, si vous l’osez. (Elle commence à gravir l’escalier.)
Albertus. lui montrant la lyre, qu’il tenait sous son manteau. Hélène ! Hélène ! la voici, regarde-la ! Reviens, au nom du ciel ! Je t’en laisserai jouer tant que tu voudras. Mais redescends ces marches, ou tu vas périr.
Hélène, s’arrêtant. Donnez-moi la lyre, et ne craignez rien.
Albertus. Non ; je te la donnerai ici. Reviens. Ô ciel ! je n’ose m’élancer après elle. Je crains qu’en se hâtant, ou en cherchant à se débattre, elle ne se précipite en bas de la tour.
Hélène. Maître, étendez le bras et donnez-moi la lyre, ou je ne redescendrai jamais cet escalier.
Albertus, lui tendant la lyre. Tiens, tiens, Hélène, prends-la. Et maintenant appuie-toi sur mon bras, descends avec précaution. (Hélène saisit la lyre, et monte rapidement l’escalier jusqu’au sommet de la flèche.)
Albertus, la suivant. Ô ciel ! ô ciel ! elle est perdue, elle va tomber ! Ô malheureux ! à quoi ont servi tes précautions ! elles n’ont servi qu’à hâter sa perte. (À Hanz et à Wilhelm, qui arrivent sur la terrasse.) Ô mes amis ! Ô mes enfants ! voyez à quel péril elle est exposée…
Hélène. Laissez-moi ! si un de vous met le pied sur ces marches, je me précipite.
Wilhelm. Le plus sage est de la laisser contenter