Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/199

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» Mais, mon oncle, ne pensez pas que le sacrifice soit au-dessus de mes forces, et que votre tendresse trop indulgente ne vous porte pas encore, cette fois-ci, à me faire revenir de ma détermination. Au nom du ciel, si vous m’aimez, si vous m’estimez, si vous croyez que mon espoir n’est pas de ce monde, et que je suis digne d’aspirer à la gloire de Dieu, ne confiez pas un mot de tout ceci à mes sœurs ; elles viendraient se jeter à mes pieds, et, sans me fléchir, elles rendraient mon effort plus difficile. Écoutez, mon bon oncle, mon cher confesseur, je sais ce que je fais. Je souffre, mais je peux souffrir à présent que j’ai passé une nuit en prière. »

Ici, le caractère de l’écriture indiquait une interruption et une main plus ferme.

« Écoutez, mon oncle, ne me grondez pas. Vous m’avez fait promettre de ne jamais prononcer un vœu quelconque à Notre-Seigneur, ou à la Vierge, ou aux saints, sans vous consulter à l’avance. Eh bien, pardonnez-moi, j’ai vu que vous étiez plus faible pour moi que moi-même, et je viens de m’engager, au lever du soleil, par un vœu irrévocable, à rester dans le célibat. Je n’ai pas agi à la légère, je vous en réponds. J’ai prié l’Esprit-Saint de m’éclairer. J’ai pris mon temps. L’étoile du matin brillait, et la nuit était encore noire. Je me suis dit : « Je méditerai jusqu’à ce que la clarté du jour ait effacé cette étoile. » Et je me suis mise à genoux devant ma fenêtre en face de l’orient, qui est la figure de la venue du Fils de l’homme sur la terre. J’ai senti que la grâce descendait en moi. Oui, je l’ai sentie ; car, à mesure que la fraîcheur du matin soulageait mes membres rompus, je sentais comme une brise du ciel qui soulageait