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les sept cordes de la lyre

(Il se couche sur son grabat.) Hélène n’a guère d’intelligence non plus. C’est un esprit juste, une conscience droite ; mais ses perceptions sont bornées, et la moindre subtilité métaphysique l’embarrasse et la fatigue… Wilhelm lui conviendrait mieux que Hanz… Je m’occupe trop de cela. Ce n’est pas le moment… Mon Dieu, réglez selon la raison et la justice les sentiments de mon cœur et les fonctions de mon être. Envoyez-moi le repos !… (Il s’endort.)


Scène III. — MÉPHISTOPHÉLÈS, sortant de la lampe au moment où elle s’éteint ; ALBERTUS, endormi.

méphistophélès. Quel triste et plat emploi que celui de veiller sur un philosophe ! Vraiment, me voici plus terne et plus obscurci que la flamme de cette lampe, au travers de laquelle je m’amusais à faire passer sur son papier la silhouette d’Hélène et de ses amoureux. Ces logiciens sont des animaux méfiants. On travaille comme une araignée autour de leur froide cervelle pour les enfermer dans le réseau de la dialectique ; mais il arrive qu’ils regimbent et prennent le diable dans ses propres filets. Oui-da ! ils se servent de l’ergotage pour résister au maître qui le leur a enseigné ! Celui-ci emploie la raison démonstrative pour arriver à la foi, et ce qui a perdu les autres le sauve de mes griffes. Pédant mystique, tu me donnes plus de peine que maître Faust, ton aïeul. Il faut qu’il y ait dans tes veines quelques gouttes du sang de la tendre Marguerite, car tu te mêles de vouloir comprendre avec le cœur ! Mais vraiment on ne sait plus ce que devient l’humanité ! Voici des philo-