à la fois. Je ne sais comment ma raison put survivre à une telle crise ; je ne ressentais plus aucune fatigue : la chaleur de la fièvre me donnait une force et une adresse surhumaines.
Les premières lueurs de l’aube blanchissaient l’horizon, et la lune, lourde et terne, s’abaissait derrière les sapins, lorsque je me trouvai, au détour d’un buisson, face à face avec le fantôme. À demi irrité par la poursuite, à demi calmé par le sentiment de la réalité, je me jetai sur lui à l’improviste, et, le saisissant dans mes bras, j’étreignis, non pas une ombre, mais le véritable Carl, mon compagnon de voyage. Je le saisis au moment où il disait :
La note expira sur ses lèvres, il poussa un gémissement plaintif, un frisson le saisit, et il tomba dans mes bras comme si la mort l’eût frappé.
Je l’assis sur un rocher, et j’essayai de le rappeler à lui-même. Tout fut inutile : cependant, son pouls était à peu près calme et sa respiration régulière ; il paraissait dormir. À peine mon effroi fut-il calmé, que je me sentis vaincu par la fatigue, incapable de trouver la solution des problèmes de cette nuit