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les sept cordes de la lyre

les trouvent ; mon oreille les écoute et les juge ; mais jamais ma pensée ne pourrait éveiller un son sur ces cordes ; et pourtant la pensée d’Hélène les émeut et en fait distiller des chants sublimes, sans le secours de l’art, sans l’aide du toucher… L’effet est bien constaté, je dois en chercher la cause. Négliger de la trouver, serait le fait d’une lâche paresse ou d’un orgueil imbécile… D’où vient pourtant que je tremble en abordant ce sujet ?… Il y a là, devant moi, comme un fleuve de feu, d’où s’élèvent des tourbillons de fumée… Il me semble que, comme les astrologues du moyen âge, je vais quitter l’air pur des cieux et la lumière du soleil pour les ténèbres de l’enfer et les prestiges de Satan… Je saurai pourtant vaincre ces frivoles terreurs… Il n’y a désormais pour l’imagination de l’homme ni Tartare ni démons ; il y a le doute, il y a le néant plus affreux encore !… Soutiens-moi, espérance divine, fruit de mes longs travaux et de ma pénible austérité !




Scène IV. — ALBERTUS, MÉPHISTOPHÉLÈS, sous la figure du juif.


méphistophélès, à part. Dans Cette disposition-là, tu me plais fort ; je vais enfoncer quelques aiguillons de curiosité dans ta cervelle paresseuse. (Haut.) Je m’incline jusqu’à terre devant Votre Stoïcisme.

albertus. Je suis votre serviteur. Que me voulez-vous ?

méphistophélès. Votre Infaillibilité ne me fait pas l’honneur de me remettre !

albertus. À moins que je ne vous aie vu dans un hôpital de fous.