qu’elle amène le remords : « J’ai été presque un bourreau pour toi, du moins dans les derniers temps. Je t’ai fait beaucoup souffrir. Mais Dieu soit loué ! ce que je pouvais faire de pis encore, je ne l’ai pas fait… » Enfin, mêlant ensemble amour, amitié, reconnaissance, il la quitte sur cette parole qui dit assez dans quel esprit ils se séparèrent : « Tu est le fil qui me rattache à Dieu. Pense à la vie qui m’attend[1]. »
« Pense à la vie qui m’attend ! » Prédiction à demi-mot, car Musset se savait faible, se sentait faible au moment même où il se disait fort. De son côté, George s’épanchait avec le fidèle Boucoiran : « S’il conservera de l’amour pour moi, j’en doute et je n’en doute pas, C’est‑a-dire que ses sens et son caractère le porteront à se distraire avec d’autres femmes, mais son cœur me sera fidèle, je le sais, car personne ne le comprendra mieux que moi et ne saura mieux s’en faire entendre[2]. »
Elle ajoutait : « Je doute que nous redevenions amants. » Ils le redevinrent pourtant, à plusieurs mois de là, après la lettre folle et sublime que Musset écrivit de Baden. Ar-