II[1]
Je voulais te suivre de loin, mon enfant. En rentrant à Venise je devais partir pour Vicence avec Pagello et savoir comment tu as passé ta première et triste journée. Mais j’ai senti que je n’aurais pas le courage de passer la nuit dans la même ville que toi sans aller t’embrasser encore le matin. J’en mourais d’envie, mais j’ai craint de renouveler pour toi les souffrances et l’émotion de la séparation. Et puis, j’étais si malade en rentrant chez moi que je craignais de n’en avoir pas la force moi-même. M. Rebizzo[2] est venu me chercher et m’a emmenée malgré moi coucher chez lui. Ils ont été très bons pour moi et m’ont parlé de toi avec beaucoup d’intérêt, ce qui m’a fait un peu de bien. À présent je t’écris de Trévise. Je suis partie de Venise ce matin à six heures. Je veux absolument être