nité et l’humanité, faute de comprendre ! Au siècle dernier, Voltaire écrivait au-dessous de la statue de Cupidon ces vers fameux :
Qui que tu sois, voici ton maître ;
Il l’est, le fut ou le doit être.
Aujourd’hui Voltaire inscrirait cet arrêt solennel sur le socle d’une autre allégorie : ce serait le Doute, et non plus l’Amour, que sa vieille main tremblante illustrerait de ce distique. Oui, le doute, le scepticisme modeste ou pédant, audacieux ou timide, triomphant ou désolé, criminel ou repentant, oppresseur ou opprimé, tyran ou victime ; homme de nos jours,
Qui que tu sois, c’est là ton maître ;
Il l’est, le fut ou le doit être.
Ne rougissons donc pas tant les uns des autres, et ne portons pas hypocritement le fardeau de notre misère. Tous, tant que nous sommes, nous traversons une grande maladie, ou nous allons devenir sa proie si nous ne l’avons déjà été. Il n’y a que les athées qui font du doute un crime et une honte, comme il n’y a que les faux braves qui prétendent n’avoir jamais manqué de force et de cœur. Le doute est le mal de notre âge, comme le choléra. Mais salutaire comme toutes les crises où Dieu pousse l’intelligence humaine, il est le précurseur de la santé morale, de la foi. Le doute est né de l’examen. Il est le fils malade et fiévreux d’une puissante mère, la liberté. Mais ce ne sont pas