infaillible. Mais je pense qu’un livre, si excellent qu’il soit, ne peut jamais être une parfaite initiation aux mystères de la science. Il serait à souhaiter que Lavater eût formé des disciples dignes de lui, et que la physiognomonie, telle qu’il parvint à la posséder, pût être enseignée et transmise par des cours et par des leçons, comme l’a été la phrénologie. Mais probablement le trésor d’expérience que cet homme extraordinaire avait amassé est descendu dans la tombe avec lui. Il n’a pu jouir que d’une gloire éphémère et très-contestée.
Il serait donc imprudent et présomptueux de se croire physionomiste pour avoir lu le livre de Lavater, même avec toute l’attention possible. Il n’est pas de bonne démonstration sans l’application et l’exemple. Ici l’exemple est une planche gravée plus ou moins exactement. Ces gravures sont généralement fort médiocres, et, fussent-elles meilleures, elles seraient loin encore de révéler à l’œil le plus clairvoyant toutes les variétés, toutes les finesses, toutes les complications du travail de la nature. Il faudrait pratiquer l’étude sur des sujets humains, comme on l’a fait pour Gall, mais la pratiquer ainsi sous la direction des maîtres ; autrement la moindre erreur du dessinateur peut entraîner l’adepte dans une suite éternelle d’erreurs graves dans l’application. Je n’oserais certainement pas établir désormais de jugement sur une physionomie tant soit peu compliquée ; j’y mettrais infiniment plus de scrupule qu’il ne m’est arrivé jusqu’ici d’en avoir en m’abandonnant à mon instinct ou à de certaines notions grossières que nous avons tous de la physiognomonie sans l’avoir étudiée, notions bien hardies et bien fausses pour la plupart, je vous assure.
Il me suffira de vous dire que Lavater distingue deux champs d’observation : les parties molles de la figure et les parties solides. Les parties solides, le front, les plans immobiles, la courbe du nez, le contour du menton, indiquent les facultés. Les parties molles, la peau, les chairs, les cartilages