servira d’oreiller dans le désert. Viens avec moi, ne protège pas ceux qui ne te connaissent pas et que tes mains n’ont pas bénis… Mais non, grand’mère, reste auprès de ton fils ; mes enfants iront encore saluer ta tombe ; ceux-là te connaissent sans t’avoir jamais vue. Mon fils ressemble à ce Maurice tant aimé de toi, auquel je ressemble tant moi-même ; ma fille est blanche, grave et déjà majestueuse comme toi. C’est là ton sang, Marie ; que ton âme aussi soit en eux ; si je leur suis arraché, que ton souffle veille sur eux et les anime, que ta cendre soit leur palladium éternel, que dans la nuit ta voix douce ou sévère les console ou les gourmande… Ah ! si tu vivais, tout ce mal ne me serait pas arrivé ; j’aurais trouvé dans ton sein un refuge sacré, et ta main paralytique se fût ranimée pour se placer, comme celle du destin, entre mes ennemis et moi. — Je meurs trop tôt pour toi, m’as-tu dit la veille du dernier jour. Pourquoi m’as-tu quitté, ô toi qui m’aimais, toi qui n’as jamais été remplacée, toi qui chérissais en moi jusqu’à mes défauts, toi qui maniais comme la cire mes volontés de fer, et qui faisais courber d’un regard cette tête rebelle ! toi qui m’as appris, pour mon éternel regret, pour mon éternelle solitude, ce que c’est qu’un amour inépuisable, absolu, indestructible Grand Dieu ! vous savez qu’elle me l’a enseigné, cet amour passionné de la progéniture ; ne permettez pas qu’on m’arrache à mes enfants ; ils sont trop jeunes pour supporter ce que j’ai souffert en la perdant
Malgache, ta mère est vieille ; ne reste pas longtemps éloigné d’ici. Quand tu ne l’auras plus, tu regretteras amèrement les jours passés loin d’elle, et tu voudras en vain les faire revivre.
Il tempo passa e non ritorna a noi,
E non vale il pentirsene di poi.