balaie. Tu te levas sur ton lit en criant : — Où suis-je, ô mes amis ? pourquoi m’avez-vous descendu vivant dans le tombeau ?
Un seul sentiment survivait en toi à tous les autres, la volonté, mais une volonté aveugle, déréglée, qui courait comme un cheval sans frein et sans but à travers l’espace. Une dévorante inquiétude te pressait de ses aiguillons ; tu repoussais l’étreinte de ton ami, tu voulais t’élancer, courir. Une force effrayante te débordait. — Laissez-moi ma liberté, criais-tu, laissez-moi fuir ; ne voyez-vous pas que je vis et que je suis jeune ? — Où voulais-tu donc aller ? Quelles visions ont passé dans le vague de ton délire ? Quels célestes fantômes t’ont convié a une vie meilleure ? Quels secrets insaisissables à la raison humaine as-tu surpris dans l’exaltation de ta folie ? Sais-tu quelque chose à présent, dis-moi ? Tu as souffert ce qu’on souffre pour mourir ; tu as vu la fosse ouverte pour te recevoir ; tu as senti le froid du cercueil, et tu as crié : — Tirez-moi, tirez-moi de cette terre humide !
N’as-tu rien vu de plus ? Quand tu courais, comme Hamlet, sur les traces d’un être invisible, où croyais-tu te réfugier ? à quelle puissance mystérieuse demandais-tu du secours contre les horreurs de la mort ? Dis-le-moi, dis-le-moi, pour que je l’invoque dans tes jours de souffrance, et pour que je l’appelle auprès de toi dans tes détresses déchirantes. Elle t’a sauvé, cette puissance inconnue, elle a arraché le linceul qui s’étendait déjà sur toi. Dis-moi comment on l’adore, et par quels sacrifices on se la rend favorable. Est-ce une douce providence que l’on bénit avec des chants et des offrandes de fleurs ? Est-ce une sombre divinité qui demande en holocauste le sang de ceux qui t’aiment ? Enseigne-moi dans quel temple ou dans quelle caverne s’élève son autel. J’irai lui offrir mon cœur quand ton cœur souffrira ; j’irai lui donner ma vie quand ta vie sera menacée……
La seule puissance à laquelle je croie est celle d’un Dieu juste, mais paternel. C’est celle qui infligea tous les maux