Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/162

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ne sont pas bien persuadés de notre mariage, du moins, en m’entendant nommer madame Brudnel, ils se disent que je suis une compagne sérieuse et respectée de lui.

» À présent vous savez que mon sort est en train de se décider. Richard, dans un temps de malheur ou de chagrin d’amour qui ne m’a pas été raconté, eut besoin autrefois d’une somme considérable qu’il n’avait pas ; il s’était presque ruiné, et son père était un avare inflexible. Sa sœur aînée, mariée richement, lui prêta cette somme à la condition qu’il ne se marierait pas, afin que la fortune du père pût revenir à ses neveux, les fils de cette sœur. Le père a vécu jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, et Richard n’a hérité de lui que depuis quelques années. Il a voulu alors s’acquitter envers sa sœur et recouvrer sa liberté ; mais il avait contracté l’engagement à la légère. Les termes du contrat portaient qu’il ne se marierait jamais, sans aucune prévision de la possibilité du remboursement. La sœur a absolument refusé de recevoir l’argent, à moins que Richard ne fît don par testament de tous ses biens à ses neveux. Ils ont failli plaider. Sir Richard ne l’a pas voulu ; il a toujours espéré que sa sœur reviendrait à de meilleurs sentiments, à des idées plus raisonnables. La voilà