Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/252

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la faire revenir. Manuela s’était évanouie en souriant ; elle se ranima en souriant encore. Dolorès me regardait d’un air de reproche, elle sentait que je l’avais encore grondée.

Manuela se trouva vite remise, mais son pouls était redevenu fébrile, sa figure était altérée. Un instant de tête-à-tête avec moi avait suffi pour détruire le bien-être recouvré pendant plusieurs jours. Elle nous supplia de ne rien dire à M. Brudnel, tant elle craignait son inquiétude. Elle fit un grand effort pour qu’il ne s’aperçût de rien, fit semblant de manger et fut forcée de s’en aller avant la fin du dîner, disant qu’elle était vaincue par le sommeil.

Je n’en croyais rien, j’étais inquiet. M. Brudnel l’était aussi.

— Je vous supplie, lui dis-je, de ne pas quitter cette ville sans appeler les premiers médecins en consultation. La responsabilité qui pèse sur moi seul est trop lourde.

— Eh bien, dit-il en se levant, je vais chez mon ami C… le prier de venir demain ; allez chez les autres.

Je sortis et m’acquittai vite de mes commissions. Je rentrais triste et absorbé lorsque quelqu’un me toucha l’épaule. C’était mon ami Vianne. Je lui sautai au cou. Il arrivait à Marseille, appelé par quelque