Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/257

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ressort. Va, le courrier passe ici à minuit ; tu as tout le temps de t’y rendre.

— Ton avis est bon, répondis-je ; mais je ne t’ai pas dit qu’une consultation doit avoir lieu demain, et que je ne puis me dispenser d’y rendre compte des symptômes observés par moi et des résultats de ma médication.

— C’est juste. Eh bien, dormons, soyons lucides pour demain, et demain, au sortir de la consultation, je t’embarque pour ta ville natale.

Ma chambre avait deux lits. Vianne se jeta sur le plus proche et s’endormit à l’instant même. J’admirais son esprit net, à la fois calme et décidé. En écoutant sa respiration égale, je me demandais s’il avait jamais connu l’amour, et si le refus de Jeanne était un chagrin sérieux pour lui.

M. Brudnel ne crut pas devoir cacher aux médecins consultants que Manuela était à la veille de se marier et qu’elle avait un sentiment très-vif pour son fiancé. Deux médecins déclarèrent qu’il fallait hâter le mariage ; les quatre autres prononcèrent que ce serait son arrêt de mort. Il fallait l’éloigner de son fiancé, la distraire, le lui faire oublier à tout prix.

— Si elle est inconsolable, dit M. C…, elle mourra