Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/262

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franchise dans ce sourire pur qui éclairait tout le visage !

— Mon Dieu, lui dis-je, comme tu es embellie et bien portante ! La musique est un bon régime, je le vois.

— Il n’y a pas que la musique, répondit-elle en embrassant sa mère, il y a avant tout cette personne-là ! On dépérit quand on la quitte, car je vois que tu es maigre, toi ; tu as besoin de revenir au bercail. Nous allons te bien soigner. Je veux mettre moi-même la main au dîner, mère, tu le permettras ! Je ne gâterai pas mes doigts de pianiste, je te le promets, et quand je les gâterais un peu !

— Tu t’occuperais de la cuisine, toi ? tu es donc bien changée ?

— Non, je suis née princesse, tu le sais bien, mais maman se fatigue à force de m’épargner. Il n’y a pas de princesse qui tienne. Il y a vingt ans et plus qu’elle me sert, il faut que cela finisse, et je prétends désormais la servir à mon tour… Tu vas m’aider ?

— À la cuisine ! Je n’y entends rien.

— À la cuisine, s’il le faut. Tu as pâli sur les livres, je le vois bien ; je vais te faire remuer et travailler comme un portefaix, je t’en avertis.

— Je ne demande pas mieux. Que faut-il faire ?