Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/341

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de pardon, elle s’est enfuie cette nuit avec Dolorès, et voici la lettre qu’elle m’a laissée.

» Il parlait avec un calme absolu. Sa figure n’était pas altérée ; il nous montra la lettre de Manuela, que je transcris fidèlement.

« Non, non, je n’abuserai pas plus longtemps de votre paternelle bonté ; vous ne pouvez avoir d’amour pour moi, et je serais méprisable si j’abusais plus longtemps de votre générosité sublime. Je pars avec celui qui me donne l’amour avec le mariage, et je crois faire mon devoir envers vous. Je crois vous prouver ma reconnaissance sans bornes, mon respect et ma tendresse filiale inaltérables. »

» — Elle est partie si mystérieusement, reprit R.B., que personne ne s’en est aperçu et ne pourrait dire par où elle a passé avec sa camériste ; le hasard a voulu que John, chargé d’éveiller celle-ci, ait seul découvert leur absence, au point du jour. Sans rien dire à personne, il m’a apporté la lettre qui était sur le bureau de Manuela. Nous avons refermé son appartement, nous avons défendu qu’on en approchât, madame est censée très-malade ; j’ai mandé M. Vianne, qui va sans doute venir pendant que vous m’aiderez à écrire à toutes les personnes averties ou invitées que ma fiancée a été prise d’une subite et sérieuse indisposition