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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/349

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Mes efforts ne servirent qu’à me rendre plus triste et plus porté à l’amertume.

L’été s’écoula ainsi, et je me sentis, non pas malade, mais inquiet et nerveux. Le sommeil et l’appétit disparaissaient insensiblement. Un soir que M. Brudnel était allé rendre à ma mère sa visite quotidienne et que, sous prétexte de travail, j’avais refusé de le suivre, il me prit un grand dépit contre moi-même, et je voulus vaincre mon découragement. Je partis à pied et arrivai vite à la petite porte de notre jardin ; mais là je me sentis tout à coup si faible, que j’eus à peine le temps d’entrer et de me jeter sur le gazon pour ne pas m’évanouir. Décidément je dépérissais. Je restais là baigné d’une sueur froide, lorsque j’entendis M. Brudnel passer devant les buissons avec ma mère et s’asseoir sur le banc à deux pas de moi. Je n’avais pas repris la force de me lever. Je ne voulais pas effrayer ma mère, je restai immobile.

— Il faut en finir, disait M. Brudnel, l’épreuve est plus que suffisante. Il l’aime à en être déjà malade, il l’aimerait jusqu’à mourir, si la situation se prolongeait. Il est jaloux de moi, le pauvre cher enfant, et c’est tout simple ; il faut les marier !

— Vous savez mes scrupules, répondit ma mère. La grande fortune que vous avez assurée à Jeanne…