Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/37

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que la chasse à l’ours, ajouta-t-il avec une imperceptible nuance de mépris.

— Ce n’est pas le danger que je crains. Je n’ai pas l’habitude de craindre. Je n’ai pas dit que la contrebande fût un sale métier. Je dis que j’ai un autre état et que je m’y tiens, voilà tout, et là-dessus je vous salue, ainsi que la señora, à moins que vous n’ayez à répondre à la lettre que je vous ai remise.

— Tu diras à Jean Bielsa que tout est bien ; mais tu dois être fatigué. Ne veux-tu point manger, te reposer, au besoin dormir sous mon toit ? Tout ici est à ta disposition.

— Non, répondis-je, j’ai affaire ailleurs. Je vous remercie.

Et je partis d’un bon pas, bien que je fusse brisé de fatigue ; j’allai dîner dans une bourgade voisine ; j’y dormis deux heures, et, le soir, j’avais franchi le port de Boucharo, j’allais passer la nuit à Gavarnie. Le lendemain, léger comme un oiseau, je descendais le gave par un bon chemin, et je rentrais le soir à la maison, l’oreille un peu basse, mais le cœur content et l’imagination délivrée.

Comme depuis longtemps j’étais triste et bizarre, ma mère vit bientôt que j’étais guéri, et, sans savoir ni la cause de mon mal, ni celle de ma guérison, elle se