Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/101

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séparé du groupe dont elle faisait partie par un rideau de plantes grimpantes serrées sur un treillage, et, sans chercher à écouter, j’ai entendu toutes les réflexions qu’elle échangeait sur votre compte avec la personne qu’elle appelait sa mère et ce jeune Valmare, qui me paraît être son fiancé. Elle disait que votre mariage avec Lemontier ne se ferait pas, malgré l’inclination prononcée que vous aviez l’un pour l’autre, parce que jamais mademoiselle de Turdy ne consentirait à vous laisser porter un nom sans titre et sans particule, et parce que le général devait avoir en horreur un nom compromis par des opinions anarchiques.

À ces raisons, légèrement alléguées selon moi, elle en ajoutait une plus sérieuse qui m’a frappé.

« Lucie rompra tout, disait-elle, quand elle verra qu’Émile n’a aucune religion et prétend être l’unique confesseur de sa femme. »

Là-dessus, M. Valmare a répondu d’un ton assez grave des choses péremptoires et bien faites pour donner du poids aux paroles d’Élise. D’après les réflexions de ce jeune homme, j’ai compris que Lemontier fils était le parfait disciple de son père, un esprit fort dans toute l’acception du mot, c’est-à-dire un de ces prétendus penseurs de la pire espèce, qui feignent je ne sais quelle fantastique religiosité panthéiste et je ne sais quelle morale épurée tirée du christianisme, à la manière des protestants, qui osent se dire plus catholiques que nous dans le vrai sens du mot.

La définition que le jeune Valmare donnait de ce qu’il lui plaît d’appeler les principes de son ami m’avait donc suffisamment édifié ; et, lorsque votre tante m’a nommé le prétendant à son tour, je n’ai pu me résoudre à lui cacher ma surprise et mon inquiétude. J’ai reconnu avec une surprise nouvelle qu’elle ne s’opposait point à