Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/79

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un nom qui finit en ie… La Quirinie… Non. La Quintinie !… m’y voilà. »

Je sentis tous les frissons de la fièvre me reprendre ; il faisait pourtant une chaleur d’orage accablante. Nous arrivâmes au pied d’un édifice fermé, à fenêtres grillées ; c’était le couvent, et nous y trouvâmes une centaine de personnes qui s’étaient assises à l’ombre et qui attendaient que les nonnes eussent fini de psalmodier les vêpres. Aucun homme ne pénétrait dans ce couvent rigidement cloîtré. Les dames de la ville n’ont accès dans la chapelle qu’avec des permissions particulières. Cette chapelle était pleine et la porte close ; mais, à cause de la chaleur, les fenêtres du chœur étaient ouvertes en partie, et, comme on entendait fort bien la psalmodie, on ne devait rien perdre du chant.

Le mélomane qui m’avait renseigné, et que je ne quittais pas, entra sans façon en pourparlers avec les hommes qui se trouvaient là et les interrogea sur mademoiselle La Quintinie. Je recueillais tout avec avidité.

« C’est une personne du plus grand mérite, disait-on, toute vouée aux bonnes œuvres, une vraie sainte, et, en même temps, c’est une femme charmante, qui fait les honneurs du salon de sa tante avec une grâce parfaite ; mais jamais elle ne chante dans le monde. On dit qu’elle a fait le vœu de ne chanter que pour l’Église. Elle chantera le jour de la Fête-Dieu à la cathédrale, et je vous réponds qu’on y viendra de loin pour l’entendre. En ce moment-ci, elle fait une retraite de huit jours aux Carmélites. On dit qu’elle va se marier, mais d’autres disent qu’elle se fera religieuse ; on ne sait pas. »

En ce moment, un des amateurs de la ville signala une lourde voiture armoriée qui montait la côte.

« C’est le vieux carrosse de la vieille mademoiselle de Turdy. Elle va entendre chanter sa petite nièce à la