de mon courage ! Me rendre digne de toi, être le fils de ta foi et de la volonté, c’est là mon ambition, maintenant que je t’ai compris. Oui, mon père, tu es calme et doux parce que tu es absolu dans le vrai et inébranlable dans la certitude. Tes idées sont simples, concises et nettes ; tu les as dégagées d’une suite d’études et de travaux qui se présentent à mes yeux comme une puissante chaîne de montagnes, et à présent tu t’es assis au faîte de la plus haute cime, tu as regardé la terre étendue sous tes pieds, et puis, élevant tes mains vers la Divinité, tu lui as dit : « Non, le mal n’est pas ton œuvre ! il n’est que l’ignorance du bien, et, si tu abandonnes cette ignorance aux châtiments qu’elle s’inflige à elle-même, c’est parce qu’ils doivent la détruire. Ainsi tu as mis en chaque être, en chaque chose de la création, l’agent fatal de sa transformation providentielle. L’erreur doit se dévorer elle-même comme ces volcans déchaînés, qui, aux premiers âges du globe, ont servi à constituer l’écorce terrestre, berceau fécond de la vie. En toi est la source du bien, la loi du vrai, et l’homme y boira de plus en plus à mesure qu’il te connaîtra. » Consolé par la foi, tu t’es relevé, mon père, et, le front baigné de lumière, tu as souri à ces hommes qui te criaient : « Nous avons la vérité ; Dieu ne se révèle qu’à nous et pour nous ! Maudit soit celui qui nous résiste ! Notre parole l’extermine en ce monde, elle le dévoue aux enfers dans l’autre ! »
Tu as souri de pitié, et ton âme a surmonté la colère ; mais, la flamme de la vérité dans le cœur, tu as poursuivi dans tous ses retranchements l’ignorance, qui, dans l’humanité, suscite tous les délires du mal. C’est bien ; voilà où il faut en venir, et j’y arriverai. Je serai doux et patient avec les hommes, inflexible devant le mensonge ; ceci sera ma religion. Je ne tuerai point, je ne maudirai, je ne renierai aucun de mes semblables ; mais j’aurai en