Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/177

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me prêterais à lui obtenir ce secours qu’à la condition d’une confession sincère et absolue.

Il hésitait.

— Allons, vous parlerez ou vous n’aurez rien, lui dit Stéphen. Nous savons déjà le nom de votre maître : dites-nous quelles étaient ses intentions.

— Mon maître ? s’écria le naufragé. Il ne l’est pas, Dieu merci ! Je suis domestique de place, guide de terre et de mer, bon cavalier et bon marin, courrier et homme d’affaires en toute partie. Je sais un peu de tout, et je connais toutes les côtes et toutes les routes de France. J’étais à Étretat depuis trois jours quand ce bandit m’a embauché à la journée.

» Il me payait cher en promesses, c’est ce qui m’a décidé à le suivre, quoiqu’il n’eût pas conquis mon estime. Quant au but de son excursion par ici, je peux vous le dire. Je servais au casino et j’entendais tout. On y parlait beaucoup un soir d’une demoiselle étonnante que l’on disait riche, belle et impossible à réduire. Ça lui a monté la tête, et, que la chose soit vraie ou non, il a dit qu’il la connaissait et qu’il était au mieux avec elle. On lui a répondu qu’il se vantait, et, là-dessus, il a parié qu’il rapporterait la preuve de la vérité au bout de huit jours.

» Il prétendait bien plutôt, je crois, à l’épouser, car il a tant fait danser ses écus, qu’il commence à en manquer. Il comptait sur sa mine et sur son bagout. Il est si effronté ! Nous sommes donc venus ici, comme vous savez, et nous avons réussi à voir cette demoiselle, qui est très-bien, et qu’il n’avait jamais vue, j’en mettrais ma main au feu. Après ça, trouvant les gens d’ici très méfiants, il m’a emmené à un autre petit endroit sur la côte, et il y a fait un tas de ques-