Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/25

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lais te proposer une alliance offensive et défensive pour nous préserver, toi de la femme alchimiste, moi du vieux garçon utile au progrès…

— Ah ! tu ne m’avais pas dit que tu craignais la recherche de M. de Montroger ?

— Je ne sais s’il songe à moi, mais, bien sûr, maman songe à lui, car elle me condamne à entendre son éloge au moins une fois par jour, et mademoiselle Merquem doit être dans la confidence, car elle fait sa partie dans le duo toutes les fois qu’elle vient ici.

— Vient-elle souvent ?

— Elle vient tous les jeudis, et nous allons chez elle tous les dimanches.

— Elle reçoit donc ?

— Oui, et même assez grandement ; mais des gens si graves, qu’on se décroche la mâchoire à ses petites soirées.

— Elle reçoit ses voisins de campagne, ou des personnes de la ville ?

— Il y a de tout ; c’est un mélange de malheureuses Parisiennes exilées comme nous, de vieux gentillâtres moisis comme leurs manoirs, et de provinciaux plus ou moins mal mis et mal élevés des villes environnantes.

— Je suis certain, au contraire, qu’il n’y a là que des gens parfaitement élevés ; autrement, ta mère ne t’y mènerait pas. C’est demain dimanche, nous y allons ?

— Oh ! certes, nous n’y échapperons pas.

— Eh bien, remettons jusqu’à lundi l’alliance offensive et défensive que tu m’offres. Il faut d’abord voir l’ennemi, connaître ses forces, pénétrer ses desseins ; après quoi, nous dresserons nos plans de campagne. J’attachais si peu d’importance aux facéties de ma petite cousine, que je ne pensai même pas à ques-