Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/263

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comptiez me demander en me cherchant au Plantier, à la gare et à Paris ?

— Je serais embarrassé de vous le dire, je n’avais pas bien ma tête ; mais, à coup sûr, je ne comptais pas vous serrer sur mon cœur !…

— Alors, mademoiselle Merquem eut raison de n’avoir pas confiance et d’atermoyer un peu pour préserver votre vie, qui lui est chère à juste titre, car ma tête n’était pas beaucoup plus calme que la vôtre ce jour-là, et je n’inspirais pas plus de confiance que vous, puisqu’on m’arrachait le serment de m’éloigner et même de me cacher. Vous devez comprendre ce que j’ai souffert de ma soumission, et il ne serait pas digne de vous de me le trop rappeler.

— Vous avez raison, et j’ai tort ! Vous êtes le roi de la situation, j’en suis le vaincu ; le triomphe est plus facile à porter que la défaite : ayez donc un peu de patience si, dans mes explications, je ne possède pas tout le calme désirable.

— Du moment que vous invoquez ma patience, je vous promets d’en avoir beaucoup.

— Tenez ! voulez-vous me promettre de ne pas m’interrompre ? Laissez-moi dire tout ce que j’ai sur le cœur, vous répondrez après sur tous les points, comme vous l’entendrez.

— J’y consens, mais n’abusez pas trop des avantages que je vous cède.

— J’y ferai mon possible, car enfin il faut bien sonder la situation et voir sur quel terrain on se place. C’est affreux de vivre comme je vis depuis trois semaines ; je n’ai jamais été si malheureux, c’est une alternative de doute et d’espérance sans issue. J’ai revu mademoiselle Merquem presque tous les jours ;