Elle eut un froid sourire qu’il ne comprit pas ou ne voulut pas comprendre. Je quittai ma tante au bas de la colline, après lui avoir dit devant Erneste que je comptais chasser dès le matin avec Stéphen, et que j’allais passer la nuit auprès de lui.
Je fis le tour du parc comme il m’était prescrit de le faire, marchant dans l’ombre avec précaution et suivant les clôtures avec la plus grande attention. L’enclos était vaste, c’était une assez longue promenade ; mais une heure au moins devait être nécessaire à Célie pour que tout fût éteint et endormi dans sa maison, et, quand je me retrouvai à mon point de départ sans avoir entendu le moindre appel, je m’accusai d’avoir été trop impatient ou trop ému, d’avoir marché trop vite, ou d’avoir été sourd à quelque signal furtif. Je revins sur mes pas, non sans inquiétude ; c’était peut-être en sens inverse qu’il fallait marcher… Nous pouvions faire ainsi l’un et l’autre le tour du parc plusieurs fois sans nous rencontrer. L’automne détachait les premières feuilles des arbres, et la nuit était fraîche. Célie, déjà fatiguée, pouvait souffrir de ce rendez-vous, l’émotion du mystère était à la fois délicieuse et poignante. Tour à tour je hâtais et ralentissais ma marche, en proie à une incertitude vertigineuse ; mon cœur battait si fort, que je l’entendais comme un bruit de pas attachés aux miens. Elle m’avait écrit : « Je vous attendrai à une des portes. » Évidemment, elle ne m’avait pas désigné laquelle, afin de pouvoir choisir celle qui lui paraîtrait la plus sûre à un moment donné. Elle devait s’y tenir et m’attendre. Je me mis à courir pour regagner le temps perdu, et je me trouvai devant une petite porte perdue dans les buissons, et que je n’avais peut-être pas observée