Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

imminent. Elle ne songeait pas à m’éloigner, elle savait que ce serait inutile. Bellac le comprit aussi et me fit préparer un appartement près du sien.

— Je sais bien, me dit-il, que vous n’y chercherez pas le repos ; mais vous y cacherez votre douleur, qui est trop contenue pour ne pas m’effrayer. Voyons, mon ami, rien n’est désespéré tant que la maladie suit la route connue, et il n’y a jusqu’ici aucun symptôme anormal qui déjoue les prévisions de la science.

Le médecin n’essaya pas de me donner le change, il désespérait.

Erneste arriva pour aider sa mère auprès de la malade, et je me réconciliai avec elle en la voyant réellement affectée.

Le soir, Bellac ordonna que la maison fût fermée sur nous et sur Stéphen, dont la présence d’esprit et l’activité lui semblaient utiles. Montroger, informé le dernier, vint chercher des nouvelles et insista pour être admis auprès de Bellac. Celui-ci lui fit dire assez durement qu’il n’avait le temps de voir personne. Montroger demanda ma tante, qui refusa sous prétexte de ne pouvoir quitter la malade un seul instant. Tous deux étaient irrités contre lui au point de se sentir incapables de le voir sans l’accabler de reproches. J’eus un accès de fureur contre lui. Je jurai de le tuer, si nous ne sauvions pas Célie.

Erneste ne comprit rien à notre cruauté, et, soit bonté d’âme, soit curiosité, elle profita du trouble où nous étions pour sortir sans rien dire et aller sur le chemin apprendre au comte que Célie était réellement très-mal. En la remerciant de son obligeance, il l’accabla de questions, et naturellement il apprit par ses réponses ingénues que j’étais auprès de la malade et