prend pour confidente de ses amours et de ses chagrins une jeune fille à l’insu de sa mère, qui lui demande des rendez-vous et s’introduit le soir dans le lieu qu’elle habite, au risque d’être vu et de la perdre de réputation.
— Pardon, maman, il ne s’est jamais introduit dans le parc. Il eût fallu que j’eusse les clefs et que je consentisse à m’en servir ; j’espère que vous ne me supposez pas capable d’une pareille absurdité. Je n’avais pas besoin de me promener dans le parc avec M. de Montroger, moi ; je lui parlais à travers la grille comme une novice au parloir, et jamais il n’a franchi le seuil du lieu que j’habite, comme vous dites fort bien.
— Mais on pouvait vous surprendre ?
— On m’eût vue causer avec un paysan. Il s’était déguisé.
— Et si l’on vous eût écoutés ?
— On nous eût entendus parler de mademoiselle Merquem. Tous les paysans, tous les passants demandent de ses nouvelles, et on ne refuse pas de leur en donner. Mais vous détestez à présent ce pauvre comte, et vous êtes décidée à le refuser ?
— J’y suis décidée.
— C’est l’avis d’Armand aussi ?
— C’est mon avis.
— Vous n’avez pas toujours pensé comme cela.
— Nous ne le connaissions pas assez ; à présent, nous le connaissons trop.
— Voyons, Armand, ne nous cachons rien. Ce mariage assurerait pourtant le tien.
— Ce mariage ne changerait plus rien à ce qui est résolu maintenant ; mais, fût-il le prix de mon