Page:Sand - Malgretout.djvu/198

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répondu à son caprice, qu’elle n’avait pas été sa maîtresse. Elle a de l’esprit et de la gaieté. Il aimait à causer et à rire avec elle, mais il la trouvait trop fardée et déclarait n’avoir aucun désir de sa personne.

— Si c’est elle que j’ai vue, répondis-je, il a changé d’opinion sur son compte.

— Cela n’est pas certain du tout.

— Quoi ! il l’aurait amenée dans sa chambre…

— Pour faire avec elle les comptes de la soirée et lui payer sa part, c’est fort possible ; Abel a un homme de confiance qui porte dans sa chambre le montant des recettes et lui en remet la clef. La Settimia, qui dépense beaucoup, a pu avoir besoin d’argent le jour même. Abel, ne pouvant régler l’affaire dans le bruit du souper, a pu monter chez lui avec elle, lui remettre cinq cents francs et la reconduire ; c’est peut-être ce que vous eussiez constaté, si vous n’eussiez été prise d’épouvante et de dégoût. Les paroles que vous avez entendues ne donnent pas de démenti à la version que je vous propose.

— Vous ne sauriez pourtant m’affirmer que c’est la vraie ?

— Non, sans doute, mais c’est la vraisemblable. Tant de femmes jeunes et belles courent après Abel, qu’il est devenu difficile. Je ne saurais me persuader que les quarante ans de la Settimia aient éveillé son caprice. Vous voyez que je ne cherche