Page:Sand - Malgretout.djvu/267

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ne finira pas ? Elle est trop belle, le soir est impossible !

Il faisait en effet un temps splendide, et le lieu où nous étions était ravissant. C’était un vallon sinueux où courait une eau limpide, bondissant à chaque pas dans des écluses de rochers et de planches couvertes de mousse, pour entrer dans une suite de petites usines enfumées, d’un ton superbe, où le soleil du matin envoyait des éclats de lumière sur les sombres toits d’ardoise brute, encore humides de l’averse de la nuit. Tout ce hameau d’ouvriers avait la diversité de formes et l’unité de but d’une petite république bien ordonnée. Tous travaillaient le marbre rouge ou le marbre noir. Dans un atelier on le dégrossissait, dans un autre on le sciait en tablettes, dans un troisième on le débitait en vasques, en cheminées, et on le sculptait même avec goût. Ces ouvriers wallons sont habiles, et tous leurs ouvrages, édifices et ustensiles, sont d’un goût très-sobre et très-pur. Leurs villages si confortables au dedans ont, dans les localités agricoles, un aspect de malpropreté repoussante à cause des fumiers qu’ils alignent religieusement devant leurs portes, et qui forment autour des maisons un fossé infect. Ici, c’était tout différent. La seule richesse du pays consistait en prairies, et les engrais, qui eussent été entraînés par les eaux rapides, ne séjournaient pas autour des habitations. Tout était propre comme un jardin,